Des débuts modestes, un développement rapide
Créé au début des années 1990 par un biologiste, M. Huchon, Bioval est né à Blaye, en Gironde. C’est alors un petit laboratoire médical spécialisé dans les analyses d’eau et la microbiologie alimentaire. Mais rapidement, l’entreprise se développe. Elle obtient notamment son accréditation Cofrac, ce qui lui permet de continuer à grandir.
Pour répondre aux exigences de cette accréditation, Bioval doit trouver des locaux plus adaptés à sa croissance. C’est le regroupement avec un petit laboratoire de Tonnay-Charente qui conduit Bioval à déménager ses activités au 152 bis de l’avenue du Général de Gaulle à Tonnay-Charente en 2000. Ce nouvel ancrage territorial permet au laboratoire d’élargir son bassin de clientèle. Aux clients girondins, viennent s’ajouter des clients des quatre départements picto-charentais, mais aussi de la Vendée.
Pendant toute la décennie 2000-2010, le laboratoire se développe et crée plusieurs emplois. Céline Boyer, aujourd’hui gérante de la Scop, occupe alors le poste de responsable technique et responsable qualité ; elle a la charge de mener à bien le projet d’accréditation Cofrac jusqu’en 2005. Quand le responsable du laboratoire part en 2005, elle est promue au poste de responsable de laboratoire. M. Huchon est alors gérant de l’entreprise avec deux autres associés.
La transmission en Scop : une transition menée par l’équipe
En 2008, M. Huchon commence à envisager son départ à la retraite. Il laisse de plus en plus d’autonomie à Céline Boyer sur la gestion du laboratoire et plus largement à l’ensemble des salariés. D’ailleurs, la force de Bioval, c’est son équipe. Une équipe autonome, polyvalente, réactive et solidaire.
En 2010, M. Huchon annonce sa volonté de prendre sa retraite et de vendre ses parts de l’entreprise. Or, ses deux autres associés n’envisagent pas le rachat de ses parts, mais plutôt la vente de Bioval. Les salariés entrevoient le risque d’une vente à un grand laboratoire avec la possible destruction d’une partie des emplois créés sur le territoire de Tonnay-Charente. C’est alors qu’une des collaboratrices de Bioval, très investie dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire, propose une solution originale : et si les salariés reprenaient l’entreprise sous la forme coopérative ?
Au moment de sa transmission, Bioval est une entreprise saine. C’est bien la volonté des salariés de ne pas être « racheté » par un grand groupe qui fait la différence. Ces derniers veulent préserver leurs emplois, leur autonomie et leur qualité de vie au travail. En outre, le modèle coopératif leur apparaît comme une évidence à partir du moment où ils en prennent connaissance ; ils savent qu’ensemble, ils sont capables de faire fonctionner le laboratoire. Ils en ont les compétences, l’expérience et les ressources nécessaires pour assumer ce choix. Grâce à l’accompagnement de l’Union régionale des Scop et des Scic et la force de conviction de M. Huchon vis-à-vis de ses deux autres associés, les parts de l’entreprise sont vendues aux salariés et Bioval devient une Scop en décembre 2010. Dix ans plus tard, en 2020, l’entreprise rachète les locaux où elle exerce ses activités depuis son arrivée à Tonnay-Charente au début des années 2000.
Les défis d’un petit laboratoire indépendant face aux géants
La Scop Bioval évolue sur un marché où les grands laboratoires se taillent la part du lion. Cependant, Bioval, laboratoire coopératif à taille humaine, a su jouer de ses atouts pour se démarquer : la proximité, la réactivité, et la polyvalence de son équipe lui offrent une agilité que les grands laboratoires n’ont pas. La Scop peut également compter sur la confiance de ses clients.
Par ailleurs, depuis 2014, Bioval a adhéré au Réseau France Labo ( RFL). Cette initiative est le fruit de la réflexion d’un gérant de laboratoire d’Orléans qui s’est dit que face aux grands laboratoires nationaux, la force des petits laboratoires indépendants serait dans leur capacité à faire réseau et à coopérer. Tout en restant indépendant, les laboratoires du réseau RFL mutualisent et échangent. Cela leur permet de ne pas être seul face à des impératifs, notamment normatifs, parfois complexes, mais aussi de répondre ensemble à des appels d’offres.
Les projets d’avenir : digitalisation et à terme déménagement
Afin de rester concurrentiel sur son marché, Bioval a lancé un grand chantier de transformation numérique. L’objectif ? Automatiser certaines analyses, optimiser les tâches administratives et ainsi gagner en productivité, donc en rentabilité. Pour ce projet d’envergure, le laboratoire est accompagné par une entreprise locale.
L’autre projet, à horizon d’une décennie, sera certainement un nouveau déménagement du laboratoire. La réglementation qui régit le secteur évolue, l’environnement normatif est de plus en plus exigeant, et Bioval entend bien répondre à ces impératifs en s’adaptant tout en préservant son autonomie.
Pour cette entreprise coopérative, c’est un enjeu majeur ; que les salariés-associés soient maîtres et acteurs de leurs décisions et du devenir de l’entreprise. Ne pas subir, intégrer les nouveaux arrivants, faire équipe, fédérer et ainsi renforcer l’entraide et la cohésion, telles sont les valeurs que Bioval veut continuer à défendre, car c’est le gage d’un travail de qualité.
Bilan : encore une transmission aux salariés réussie !
Aujourd’hui, Bioval, c’est 18 salariés, dont un apprenti. C’est aussi une entreprise qui a su se faire sa place là où les grands du secteur dominent le marché. Elle incarne le succès d’un modèle coopératif fondé sur la solidarité et la responsabilité collective, capable de s’adapter à un environnement concurrentiel sans renier ses valeurs.
